Tunisie - Mexique

  vs   

2 juin 1978, les équipes du Mexique et de Tunisie se présentent sur le terrain du stade Rosario pour le compte du premier match du premier tour de la coupe du monde. Ce jour, le football tunisien atteindra son point culminant qui restera dans les annales.

Stade de Rosario

La Tunisie y affronte le Mexique pour sa première apparition. Ce match, toute la Tunisie l’attend, impossible d’ignorer l'événement puisque tout le pays en parle. Pour sa première apparition, l'entraîneur tunisien Chetali conserve l'ossature d'origine de son équipe, le jeune Mokhtar Naïli ayant ravi la place du légendaire Attouga.


 

Dés le début du match, Tarak Dhiab fait déjà montrer sa technique et essaye de prendre les choses en main au milieu du terrain. 



Les débuts des tunisiens sont timides. Depuis l'entame de la rencontre, le keeper tunisien Mokhtar Naïli est très sollicité dans sa zone mais l'avant garde tunisienne résiste.


Leurs soucis commencent quand le défenseur Amor Jebali commet une faute dans la zone de réparation en touchant le ballon du bras gauche. L’arbitre n’hésite pas et montre du doigt le point de penalty.


Vasquez Alaya s’exécute et trompe le gardien tunisien Mokhtar Naili. Le capitaine donne ainsi l’avantage au Mexique.

Le capitaine mexicain,
Vasquez Alaya

Le score ne changera pas jusqu’à la pause.

Le plus dur pour l'entraîneur tunisien Abdelmajid Chetali étant de rétablir la confiance au sein de ses protégés. Le ton monte dans les vestiaires. Le message est clair : il ne sera plus question d’attentisme. Le coach leur rappelle qu'hier jouer une Coupe du Monde était un rêve et qu’ils ont la chance extraordinaire d’y participer aujourd'hui. Il leur demande donc d’être à la hauteur de l'événement et d’assumer leur responsabilité car le monde les regarde. Le coach tunisien décide de prendre quelques risques pour revenir au score en apportant des changements au niveau tactique notamment par l’apport offensif des arrières latéraux.

Chetali,
le Coach Tunisien

La deuxième mi-temps sera un autre match. Au fil des minutes, les joyaux tunisiens du milieu de terrain, à savoir, Tarak, Temime, Agrebi et Ghommidh qui jouissent d'un niveau technique de jeu individuel effarant, se réveillent et reviennent rapidement dans le match.


Jusque-là, les Tunisiens n'avaient pas été exempts de reproches mais ils étaient en droit de penser que leur domination finirait pas payer. Heureusement qu'iIs finissent par trouver la bonne carburation qui les hisse au sommet de leur art.

On joue la 55ème minute du match. Sur une très belle remise de Tarak Dhiab sur le côté droit, Hamadi Agrebi adresse un centre piqué à la limite des 18 mètres à destination du latéral gauche tunisien Kamel Kaabi pourtant bien marqué par un défenseur mexicain au début de l'action.

Ce dernier contrôle parfaitement le ballon et d’un tir à ras de terre, expédie le ballon à la droite du gardien mexicain qui ne peut que constater les dégâts. Le public qui a fait le déplacement jubile et scande : « Tunez ! Tunez ! ».
Ali Kaabi,
auteur du premier but tunisien

Le défenseur Kamel Kaabi essaye 
de contrer Hugo Sanchez, le futur attaquant mexicain 
du Réal de Madrid

Ce but, c'est le véritable tournant de la rencontre. Suite à cette égalisation, les Tunisiens se voient poussés des ailes et deviennent plus entreprenants. Les Mexicains prennent conscience de leur fébrile situation et se ruent aveuglément vers le camp adverse créant ainsi des espaces au milieu du terrain d'exception où Tarak Dhiab jouait magnifiquement son rôle. Pendant plus de trente minutes, les vingt-deux acteurs se livrent à un véritable chassé-croisé, les attaquants mexicains obligeant le portier Mokhtar Naïli à s’employer à plusieurs reprises.

Tarak Dhiab essaye de se démener entre les Mexicains
Alfredo Tuna (No 3) et Leonardo Cuellar sous le regard 

de Raouf Ben Aziza

Les Tunisiens accélèrent en déroulant leur rouleau compresseur sagement oublié aux vestiaires durant toute une mi-temps.

Après les consignes de l'entraîneur Chetali,
la Tunisie n'est plus la même 

Très efficace dans son poste de prédilection du milieu de terrain, Tarak Dhiab a fait preuve de beaucoup de créativité et d’inspiration. Scotchés devant nos écrans de télévision, on a eu droit alors à une véritable démonstration de football.

Un défenseur mexicain écarte le danger
devant Mohamed Ali Akid

Tout se joue dans le dernier quart d’heure. Avec l'activité des Ghommidh et Temime et Tarak au milieu du terrain et les montées de Agrebi et des défenseurs tunisiens, la Tunisie se montre supérieure.

Si le virtuose Tarak Dhiab ne marque pas, il fait marquer ses coéquipiers. Nejib Ghommidh, décalé sur la droite, reçoit une passe lumineuse du No 10 tunisien et d'un tir croisé de l’extérieur du droit prend à contre-pied le keeper mexicain donnant ainsi l’avantage aux Tunisiens (79').


Huit minutes plus tard, ce même Ghommidh délivre une incroyable ouverture pour le latéral droit Mokhtar Dhouib qui venant de loin, bat en pleine course le portier mexicain.

La Tunisie n’a pas volé sa victoire, elle l’a amplement méritée (3-1).

C'est terminé ! Tarak Dhiab brandit le ballon en signe d'exploit
Dans le camp tunisien, on n'en revient pas
Ce n’est jamais facile de s’imposer dans un premier match de Coupe du Monde surtout pour la Tunisie. Les onze acteurs tunisiens viennent d’écrire l’histoire du football avec un grand H. On a beau fouiller dans les archives de la Coupe du Monde et remonter jusque dans un passé lointain pour trouver une victoire d’une équipe africaine. Mais il n’en est rien. C’est bien la première fois dans l’histoire de la compétition mondiale qu’une formation africaine réalise une telle performance.

Le virtuose, Tarak Dhiab a même été élu parmi l'équipe type de la première journée avec une note plus qu'honorable de 7,33.


Le match remporté par la Tunisie contre le Mexique est devenu la rencontre la plus célèbre de toute l'histoire du football tunisien. A l’issue de la rencontre, alors qu’un concert de klaxons se faisait entendre dans les villes tunisiennes pendant toute la soirée, la défaite des mexicains était vécue comme une tragédie nationale.